L'Institut national du patrimoine comporte deux départements pédagogiques chargés l'un, de la formation des conservateurs du patrimoine, l'autre, de celle des restaurateurs du patrimoine. Au sein de ces deux départements, deux services proposent chaque année un très large éventail de formations continues à destination des professionnels du patrimoine, français et étrangers. Avec plus de 100 sessions organisées partout en France, ces formations rassemblent près de 2 000 participants par an.
Rachel Suteau est adjointe à la directrice des études du département des conservateurs, chargée de la formation continue. Nathalie Le Dantec est adjointe à la directrice des études du département des restaurateurs, également chargée de la formation continue. En lien avec leur équipe, elles ont élaboré un programme pour l’année 2025 mis en ligne cette semaine.
Tout d’abord, quelles sont les nouveautés pour l’année 2025 ?
Rachel Suteau : Chaque année, des formations nouvelles, qui peuvent être totalement inédites ou bien des rééditions de formations ayant eu lieu par le passé mais remises aux normes du jour, s’inscrivent à notre catalogue public. Elles viennent enrichir notre socle de formations portant sur des sujets fondamentaux, qui sont reconduites chaque année afin de satisfaire une forte demande.
Nos nouveautés répondent soit à un besoin que nous avons pu recenser auprès de nos stagiaires soit à des demandes ministérielles, soit, enfin, à des enjeux ou tendances observés dans le champ du patrimoine culturel. Pour cette année, par exemple, nous aurons une formation sur le patrimoine maritime et une autre sur le patrimoine militaire, en collaboration avec la DGPA, toutes deux auront lieu en région, respectivement à Brest et au Havre. Une autre s’intéressera au patrimoine mobilier de grand format et se déroulera au Cnam et au Musée de l’air et de l’espace du Bourget. Deux formations nouvelles se tiendront à Paris, l’une sera consacrée aux enjeux muséographiques de la représentation de l’histoire et des mémoires individuelles et collectives ; la seconde traitera la question des restes humains (conservation et monstration) et se déroulera au MNHN. Au Centre de conservation du Louvre à Liévin, nous proposons une formation sur la construction, l’aménagement et l’organisation de réserves muséales. Enfin, nous irons, en fin d’année, à la Cité de la Langue française à Villers-Cotterêts, pour une formation sur le patrimoine et les langues de France.
Nathalie Le Dantec : L’offre de formation à destination des restaurateurs du patrimoine s’adapte chaque année aux avancées de la recherche et aux nouvelles technologies en conservation-restauration, en prenant en compte les enjeux du développement durable grâce à l’intervention d'experts français et internationaux. Cette année, les nouveautés représentent 40 % des formations proposées. Notons une formation innovante sur les nouvelles méthodes de nettoyage et enlèvement de taches spécifiques pour le textile, une formation sur les solvants et les gels de solvants en partenariat avec le Centre de conservation-restauration du patrimoine mobilier de Corse à Calvi, ainsi qu'une formation sur les traitements électrochimiques utilisés en conservation-restauration en partenariat avec le laboratoire Arc’Antique de Loire-Atlantique. Dans le domaine des monuments historiques et des études préalables, remarquons la formation sur l’étude climatique dans un espace non contrôlé qui se déroulera, grâce au soutien du maire, à Abondance en haute Savoie.
À noter également que notre formation sur la conservation du patrimoine de la mode se poursuit cette année, en partenariat avec le Musée des Arts Décoratifs de Paris.
Certaines de vos formations se passent en région. Cette année, sur 70 sessions de formations proposées au catalogue public, 32 se dérouleront en région. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Rachel Suteau : Nous essayons chaque année de faciliter la participation de tous les professionnels à nos formations et développons de fait une offre importante en région, que nous tentons de répartir au mieux sur le territoire. Cela permet de réduire les charges de déplacement et logement des stagiaires en proximité, d’une part, et cela permet également de s’appuyer sur des écosystèmes professionnels très compétents partout sur le territoire français. Nous nous rendrons ainsi à Lens, Liévin, Troyes, Brest, Rouen, Bordeaux, Nantes, Lyon, Marseille et au Havre. Nos formations parisiennes proposent également souvent des visites à Paris ou en proximité parisienne, nous permettant ainsi de partir à la rencontre des institutions de l’Île-de-France. Nous nous rendrons cette année, par exemple, à Nogent-sur-Marne, Charenton-le-Pont et Vitry-sur-Seine.
Nathalie Le Dantec : C'est également un parti pris fort. Nos formations se déploieront dans les grandes métropoles, comme Rennes, Nantes et Marseille, mais aussi à Abondance, en Haute-Savoie, et à Calvi, en Corse.
L’Inp est partenaire de nombreuses institutions. Quelles sont-elles ?
Rachel Suteau : Nous travaillons effectivement en étroite collaboration avec de nombreux partenaires. Par ailleurs, il importe de rappeler que tous nos intervenants sont des professionnels en activité, eux-mêmes attachés à leurs institutions et qui permettent ainsi aux stagiaires de bénéficier des infrastructures, outils ou espaces de travail et d’exposition dont ils ont l’usage ou la responsabilité. C’est une valeur ajoutée indéniable à nos formations. Nous collaborons ainsi très régulièrement avec le Musée des arts décoratifs, la BnF, les musées de la ville de Paris, le C2RMF, le CICRP, le LRMF et le LRMH mais également en région avec les musées de la ville de Strasbourg, le Louvre-Lens, le centre de conservation de Liévin, le Mucem, les archives départementales de la Gironde et le centre de restauration de Corse à Calvi. De nouveaux partenariats se nouent chaque année, c’est le cas avec l’IMA (l’Institut du monde arabe), l’IREST (l’Institut de recherche et d’études supérieures en tourisme de la Sorbonne université) depuis deux ans, les archives départementales d’Ile et Vilaine et la DRAC des Pays de la Loire pour 2025.
D’autres partenariats permettent l’élaboration en concertation de formations spécifiques. Ainsi, nous collaborons avec la DGPA, avec l’école de Chaillot, avec la DRIET et avec l’ENSSIB avec régularité et suivi permettant de répondre à des besoins plus ciblés et facilitant le dialogue entre différents secteurs professionnels qui n’ont pas toujours d’autres occasions d’échanger en inter-filières professionnelles.
Nathalie Le Dantec : Nos partenariats sont également nombreux à l’étranger. Cette année, nous accueillerons Émilie Arnaud-Nguyêñ, conservatrice-restauratrice des arts graphiques, docteure en histoire, texte et document (EPHE) et en archéométrie (Université de Hambourg) ; Luciana Ruatta, chimiste et professeure de chimie et technologie des matériaux dans la formation professionnelle et continue des restaurateurs à la Scuola Artigiani Restauratori de Turin ; le Dr Bronwyn Ormsby, responsable scientifique à la Tate Gallery de Londres ; le Dr Judith Lee, scientifique à la Tate Gallery de Londres ; Paolo Cremonesi, chimiste italien spécialisé dans la conservation-restauration des œuvres ; Ambra Girodano, restauratrice de peinture à Palerme ; Anja Beyer, restauratrice textiles, professeur à l’université de Berne ; Petra Demuth, restauratrice de peintures et professeur à l’université de Cologne ; Daria Keynan, restauratrice d’art graphique à New York et Chris Stavroudis, spécialiste en conservation-restauration de peinture à Hollywood. Les formations bilingues représentant plus du tiers du catalogue proposé par le département des restaurateurs.